15 juin 2010

PIF (paf, pouf ! )

GLOP :

- lire les échanges épistolaires d'Anaïs et Henry, seule à une table au milieu du brouhaha de la cantoche (au même niveau que le Balto du coin, question " degré profond des échanges " ), me délecter de la puissance de leurs mots, au milieu de ce fatras vilement humain, au milieu des " Au moins, quand il y avait le service militaire, ça apprenait aux hommes à faire leurs lits ! ", au milieu des " Où sont passés mes points de retraite ??? ", au milieu des " Ils sont nuls, ces Bleus, la honte ! ".

- passer en vélo devant un bar, au coin d'une rue familière, et y lire sur un panneau " Coupe du Monde 2010, diffusions sur écran plat géant, UNE TIREUSE A BIERE A GAGNER !!! ".
Me souvenir de ce mariage auquel j'avais été conviée, quand, après le repas, sur la terrasse du château donnant sur le classieux parc, on buvait de la bière dans des gobelets en plastique, directement à la tireuse.
Me souvenir des propos de ma cousine et de son mec, qui travaillaient en interim en tant que magasiniers pour un e-discounter, et nous avaient appris que la tireuse à bière, c'était le It cadeau de Noël 2009...

- voir le regard du pote de mon voisin se poser sur moi enveloppé d'un gourmand sourire et de beaucoup d'idées derrière la tête ; il est si croquignon, il est systématiquement obséquieux dans sa manière de me tenir la porte (ce soir encore), il est blond comme les blés et il a les yeux bleu azur (je t'ai jamais dit que j'avais été Guillaume Musso dans une vie antérieure ? ), ah ! si je m'écoutais, ah ! si j'avais 10 ans de moins...(il a environ 15 ans, je crois...)

- entendre des compliments. Je pensais à ça, ces derniers jours : " quel est le plus beau compliment qu'on m'ait jamais fait ? ", la réponse est introuvable. Cette notion est tellement relative : il y a le fond, il y a la forme, il y a la qualité/le statut de l'émetteur du compliment, il y a les circonstances ...
Il y a ces paroles de mes interlocuteurs au téléphone " Merci Madame Nilaa pour votre gentillesse, merci pour votre compréhension, merci pour votre aide, merci pour votre écoute ", il y a ces mots envoyés par une cliente au début de l'année " Merci Madame Nilaa pour votre professionnalité (sic), votre aide précieuse et votre disponibilité " , il y a ces mots de mon collègue que j'aide à se démêler les pinceaux au milieu d'un litige judiciaire pas piqué des vers, contre un médecin qui l'a - un peu - mutilé, et un avocat qui essaie - beaucoup - de l'arnaquer : " Merci, Nilaa, c'est drôlement chouette de ta part ", ces autres mots d'un autre collègue que j'aide à utiliser la loi à son profit " Merci Nilaa. Enormément ".
Les remerciements sont-ils systématiquement des compliments ?
A contrario, les compliments ne se résument pas aux remerciements...
Il y a ces paroles d'un de mes anciens colocs, il y a quelques jours, alors que j'étais partie dans une diatribe sur les vertus du droit, des bienfaits de l'influence communautaire sur certains pans de notre système législatif, et donc sur notre vie quotidienne de pauvres consommateurs démunis, alors que je m'évertuais à convaincre mon interlocuteur (un de ses potes) de l'intérêt que présente la Justice, après avoir tenté de résoudre le Problème Juridique du Moment de sa Vie Quotidienne (quand t'es juriste, y'a toujours un moment dans la soirée et/ou le repas familial, ou le(s) gen(s) vont venir vers toi, un grand sourire aux lèvres, en te disant " Dis donc, toi qu'es juriste, j'ai un problème avec mon garagiste, justement... " - le mot " garagiste " pouvant ici aisément être remplacé par - non exhaustivement - " assureur ", " voisin ", " proprio " ...).
Mon ex coloc, donc, alors que je kiffais mon quart d'heure de monologue aviné sur le bonheur d'avoir étudié, et de pratiquer quotidiennement le droit, m'a soudainement interrompue d'un très sec " Et alors, quand est-ce que tu deviens avocate ? " qui m'a coupé la verve, et auquel j'ai adressé une vague réponse du style " Ouh la la, gros dossier, tu sais, hein, euh... comment te dire... euh, tu sais, je l'ai tenté l'an dernier, comme ça, pour voir, sans révisions, à sec, 'avec ma bite et mon couteau' comme on dit " (c'est le genre d'expressions qui le fait poiler, surtout dans la bouche d'une femme - sauf dans celle de sa femme, parce que mon ex coloc, en plus d'être Basque, est un peu macho - j'espère qu'il me lit pas, je crois pas, euh sinon, si tu me lis, euh... salut mec, ça farte ??? Je t'adore, tu le sais, hein, que je t'adore... hi hi -), " et franchement, les résultats étaient, certes, insuffisants, mais franchement pas mauvais... ".
Et là se produisit l'impensable.
El Basco a dit " Ca m'étonne pas ".
J'ai rétorqué : " Serait-ce un compliment de ta part, El Basco ??? Depuis le temps qu'on se connaît, j'avais jamais entendu de ta bouche un seul petit compliment à mon égard !!! C'est à marquer d'une pierre blanche, Loulou !!!! ".
Il a baissé les yeux, il a regardé ses pieds, et il a ajouté " Oui, mais nan, ça m'étonne pas. Alors qu'est-ce que t'attends pour te sortir les doigts ???? " (ou un truc dans le genre).
Mon ex coloc est laconique, mais ce qu'y'a de bien, avec les gens laconiques, c'est qu'ils parlent peu, mais que généralement, quand ils parlent, c'est puissant...
C'est suite à cette discussion que je me suis demandé quel était le plus beau compliment qu'on m'ait jamais fait. Je crois que celui-là en fait partie (oui, là, je vois que tu te dis " ah ouais, quand même, pauvrine ! ".)

- m'entretenir pendant deux heures au téléphone avec cet ex, exilé en terre exotique, rire et rire encore, après de si longs mois de silence.
Découvrir que ça y est, c'est digéré, pour lui, pour moi. Disserter sur les pratiques sexuelles des femmes asiatiques, en riant encore, ne pas être jalouse, pouvoir parler de ce qui s'est passé pendant ces longs mois de silence, ici, là-bas, de ce qu'on fera quand on se reverra temporairement dans quatre semaines, savoir enfin où je campe dans cette relation qui a été le catalyseur de beaucoup d'évènements (la reason why de ce blog, ou au moins son re-déclencheur - car je m'y étais déjà essayée il y a trois ans).
Savoir enfin pourquoi je l'ai aimé, retrouver les bonnes raisons de l'avoir fait, envisager les choses plus sereinement, tourner la page pour pouvoir en écrire de nouvelles.
Apprécier des échanges pacifiés, l'enterrement de la vilaine hache d'une guerre inutile.
Admettre qu'il m'a construite, peu importe ce qu'il adviendra de moi...


PAS GLOP :

- Sébastien Folin et consorts sont sous substances en ce moment, à n'en pas douter. Des jours qu'ils m'annoncent des météos FAUSSES. Des jours que je me vêts de manière totalement désaccordée avec la vraie vie. Je vais écrire une lettre de réclamation...

- ils ont installé des espèces de sculptures modernes de vaches dans les rues de Bordeaux. Et je les trouve moches, pour la plupart. Et ils ont poussé le vice jusqu'à en mettre une sur une Vespa, avec une bouteille de pif dans la main, avec UNE MARINIERE, steuplé !!!! Je salue, au passage, le sens poussé de l'observation de l'artiste en terre bordelaise, mais bon, franchement, c'est moche...

- tous ces vélos qui fleurissent partout, et tous ces cyclistes. Je les hais, qu'on se le tienne pour dit (et qu'ils tiennent leur droite, merci !!!!)

- j'ai failli mourir deux fois au lieu d'une habituelle une, hier, en allant au boulot. Une fois sous les roues d'un vélo (c'est ridicule).
La seconde, je pédalais frénétiquement dans la Judaïque, comme à mon habitude (ma séquence cardio quotidienne, remember ? http://leprincecharmantestuncrapaud.hautetfort.com/archive/2009/11/19/4-3-2-1-impact.html) quand un feu, au loin, est passé au vert. J'ai, en toute logique, accéléré... c'était sans compter sur ce connard de poids-lourd immatriculé dans le 82 ( " ah bah bravo, vive la délation, on se demande pas longtemps ce qu'elle aurait fait en 40, celle-là, dis-donc ! " ) qui, non content de pas m'avoir vue alors qu'il empiétait allègrement sur mon pistecyclablement territoire, alors que j'amorçais mon doublement légal par la droite, a dévié sur sa droite (sur moi, quoi). J'ai putain de freiné, tu peux me croire (ça sentait le crâmé, tellement que j'ai freiné, les gars - bon, ok, j'exagère un peu - mon côté marseillais). Et putain de putain de pesté !!!
Le feu est repassé au vert, et le type a redémarré stoïquement, tranquillou bilou, alors que je cherchais désespérément son regard dans le rétro, furax.
J'ai pesté, et à nouveau pesté, même Max Romeo dans mes oreilles ne pouvait plus rien pour moi.
J'ai emprunté mes habituels chemins de traverse, sous le crachin, sans décolérer ( " Une semaine qui commence bien, oh les cons, le monde se ligue contre moi, Société de Merde, tu m'auras pas " ...).
A une intersection, qui c'est que je vois à ma gauche ?
Le connard du 82.
A qui j'étais obligée de céder le passage. Groumph... Augmentation d'un degré dans l'échelle de ma haine contre le genre humain (" Je hais les gens, pourquoi ne suis-je pas plutôt un escargot, c'est chouette, les escargots, ça doit être benaise, d'être un escargot... " ).
J'arrive à quelques cms de mon boulot. Je m'arrête à un nouveau cédez-le-passage pour laisser passer (tu me crois si tu veux, mais crois-moi, j'invente rien).... le connard du 82. OH LE CON !!!!
Le connard du 82................ qui se gare, tranquille Mimile, en face de mon boulot, à cheval sur le trottoir.
Là, il était temps que la victime en moi se rebelle.
Je me ruine pas chez la psy depuis des mois, j'ai pas hypothéqué ma vie pour payer ces séances qui m'aident à arrêter l'autoflagellation (ou pas...) POUR RIEN.
J'ai pensé à cette collègue imbouffable qui nous saoûle chaque jour avec ses jérémiades sur tout ce que le monde compte d'imperfections et de cons (elle y compris), j'ai pensé à Mamie qui n'a jamais sa langue de vipère dans sa poche, j'ai pensé à tous ces gens qui ont l'impression de subir chaque jour l'oppression sans jamais l'ouvrir, et préfèrent l'exprimer dans l'isoloir (merci, mais non merci, on connaît le résultat...), j'ai pris une grande inspiration, et je me suis dit " Je me lève, et je proteste ".
J'ai fait un dérapage contrôlé devant sa cabine, j'ai attendu que le Père Tranquille ait rangé ses clopes dans le vide poche et éteint sa radio, il m'a enfin vue, je lui ai fait signe de baisser sa vitre (ça aide), et je me suis lancée :
" Excusez moi, Monsieur, c'était juste pour vous dire de faire attention, vous avez failli m'écraser tout à l'heure dans la Judaïque, là... "
" Pardon ?!? Je vous avais pas vue ! "
" Bin oui, apparemment, c'est bien ça, le problème... c'était juste pour vous dire de faire gaffe aux vélos "
" Ah bin oui, les vélos, ça on sait, on fait toujours attention, à cause des vélos, hein ..." ( NDLR : moi dans ma tête : " ouais c'est ça, ouais... y'a des précédents célèbres à Bordeaux, mon ami, Actor's studio, tu m'auras pas ! " ).
" Donc voilà, c'est pas grave, mais quand même... "
" Mais c'était où que j'ai failli vous écraser ? "
" Dans la Rue Judaïque "
(lui, l'air effrayé et admiratif en même temps) : " Mais vous m'avez suivi jusque là ?!? "
" Bin pas vraiment, je travaille ici. - J'ai une vie, quand même ! - Donc voilà, sur ce, bonne journée, et faites gaffe, hein !!!!".
" Euh oui, Mademoiselle, encore (?) désolé, hein... ".

Un petit pas pour les cyclistes, un grand pas pour l'Humanité (ou pas...)

5 commentaires:

  1. "tous ces vélos qui fleurissent partout, et tous ces cyclistes. Je les hais, qu'on se le tienne pour dit (et qu'ils tiennent leur droite, merci !!!!)" => c'est con, jusque là je t'aimais bien...:-)
    (mais bon, tu t'es rattrapée ensuite.)

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  2. ah bah oui, mais nan, quand on me connaît (ça viendra, t'inquiète, à force de lire mes lignes indigestes ! ), on sait que c'est un certain genre de cyclistes que je déteste - les faux, en fait, comme les faux babas cools ou les faux punks ou les les faux seins (hein, quoi ???), j'en ai parlé là : http://leprincecharmantestuncrapaud.hautetfort.com/archive/2009/09/01/a-bicycletteuh.html).
    Pas les gentils cyclistes comme toi (les vrais, ceux qui se farcissent le Ventoux pas une, mais DEUX fois - respect, chapeau bas, moi je me suis contentée du Canal du Midi, c'est pas exactement pareil niveau dénivelé, mais note que le plat permet de taper de belles pointes)
    A quand l'Alpe d'Huez ???

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  3. 4 fois, le ventoux, 4! (j'aime me la raconter) et sans doute beaucoup d'autres, mes vieux viennent d'y acheter une maison...
    (l'alpe d'huez, c'est en projet...)

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  4. veinard !
    nonobstant les possibilités cyclables (" incapacités cyclables" , pour ma part - à mon humble avis - ), c'est un coin où j'ai eu l'occasion de séjourner, et que je trouve juste magnifique.

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  5. quand à l'Alpe, même ma voiture y a peiné, alors un vélo ... (NB : un vélo sans créatine, s'entend...)

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