Le second jour j'avais moins peur. J'ai commencé à prendre peu à peu mes repères dans cette ville détestée de tant, même de ceux qui y vivent : avoir un foulard pour se couvrir la gorge quand je sors du métro, car les courants d'air au niveau des escaliers y sont particulièrement agressifs, choisir stratégiquement ma place sur le quai en anticipant la place de la Sortie en cas de correspondance...
Le temps de rien. A peine le temps de serrer trop rapidement dans mes bras le Kraken, qui sort de ses vignes pour venir me voir, vient, dit du mal de Paris, et repart... Plus assez de temps pour chérir ces instants de grâce passés ensemble, où le temps, ce salaud, ne suspendant pas son putain de vol, continue à passer, impassible à nos supplications. Alors on en profite au maximum, on savoure notre petit larcin (quelques petites minutes grapillées par ci, par là, volées au temps des autres...).... et c'est déjà fini...
La bonne nouvelle c'est que je n'ai jamais habité dans autant de quartiers de Paris. C'est pas tout le monde qui peut se prévaloir de pouvoir habiter, dans une même semaine, à côté de Mairie des Lilas, à 30 secondes de la Rue Mouffetard et à 1 minute de Vaugirard. Et sache, pour ta gouvernante, que ça ne s'appelle pas un don d'ubiquité, ça s'appelle la chance d'avoir des amis hospitaliers qui accessoirement, sont loin d'avoir des goûts de chiotte question cadre de vie géographique.
L'autre vraie bonne nouvelle, c'est que j'ai trouvé un appartement. Le bémol c'est qu'il sera dispo que fin novembre. Ca calme.... En attendant de pouvoir investir ce petit bijou à Ménilmontant (qui devrait me permettre d'oublier le métro et de retrouver mon fidèle destrier à pédales), je me prépare à une continuation de squattation intense. Et c'est fatiguant, quand même.
Mais je réalise la chance que j'ai d'avoir un réseau de potes extras, des parents qui peuvent se porter garants, un taf convenablement rémunéré, et ne serait-ce que des papiers et une nationalité française. Je remercie chaque jour le ciel, le cosmos, l'univers ou tout simplement le hasard de m'avoir fait gagner tout ça à la grande loterie de la Vie.
La prochaine fois, je te parlerai de mon nouvel environnement de travail, notamment de mes nouvelles collègues, parce que crois-moi, ça vaut son pesant de noix de cajou (spéciale dédicace au Kraken).
Là, je te laisse car je suis trop pressée de rentabiliser mon week-end dans la campagne parentale pour DORMIR...
J'en profite pour passer un message à mes amis qui me lisent et que je laisse honteusement sans nouvelles depuis mon immersion francilienne pour leur dire que dès que j'aurai refait plus ostensiblement surface, je téléphone, promis.
J'en profite pour dire aux autres, lecteurs inconnus, anonymes ou pas, devenus des familiers, que je les embrasse, pour la peine, et merci d'être revenus ici, sur ce terrain en friche.
A très vite
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