9 octobre 2010

She's alive, ALIVE !!!!!!

Le premier jour, je suis arrivée, la tête dans le fion-fion, sur le quai de la station, et j'ai regardé, apeurée, ce mouvement ininterrompu de gens-comme-toi-et-moi, grouillant tels des fourmis, qu'Edith Cresson aurait pu comparer à des Japonais.


Le soir du premier jour, sortant du boulot, je suis repartie vers la vie souterraine et, atteignant enfin une rame qui voulait bien de moi, je me suis affalée sur un siège, et j'ai observé, interloquée, ces mines grises, ces visages cernés, ces airs fatigués, ces expressions soucieuses, cette absence de sourires.
Après la demie-heure de trajet règlementaire (un minimum syndical), je suis sortie de la rame, sur le quai, et j'ai regardé, angoissée, cette foule se mouvoir devant moi en direction de la sortie, montant les marches en automate... j'ai pensé au clip de The Wall de Pink Floyd et puis j'ai eu un flash qui m'a consternée : du bétail allant à l'abattoir.
Nous étions du bétail se dirigeant vers l'abattoir. Moutons ou cochons, boeufs ou génisses, l'image est éculée, mais pourtant tellement adéquate...


Le second jour j'avais moins peur. J'ai commencé à prendre peu à peu mes repères dans cette ville détestée de tant, même de ceux qui y vivent : avoir un foulard pour se couvrir la gorge quand je sors du métro, car les courants d'air au niveau des escaliers y sont particulièrement agressifs, choisir stratégiquement ma place sur le quai en anticipant la place de la Sortie en cas de correspondance...

J'ai commencé à apprivoiser différemment Paris la belle, Paris la bruyante, Paris la polluée, Paris où tout est possible, ou pas, Paris, ville de solitudes, Paris, ville de réseaux sociaux, Paris que, jusqu'alors, j'avais toujours considérée avec des yeux de provinciale admirative, parce que mes passages ne s'y résumaient qu'à une poignée de jours à expérimenter les poncifs.


Le soir du second jour, j'ai acquis le sésame, le pass Navigo qui m'a fait me sentir définitivement des leurs, qui m'a liée à Paris mieux que si elle m'avait enfantée. Je l'ai fièrement glissé dans la poche arrière de mon jean, gonflée de fierté.
Le pass ne m'a, hélas, pas conféré une omiscience concernant les plans du métro. Je continue à m'y perdre allégrement... pas par stupidité ou manque de sens commun (quoique..), non non... plutôt parce que je n'ai pas le temps, pas le temps...


Pas le temps de passer des coups de fil à ceux qui me sont chers le soir en rentrant (tard) du boulot. Donc, je mets à profit les interludes RATPiens pour le faire. Donc, absorbée par mes conversations téléphoniques, je regarde pas les panneaux. Et me retrouve inéluctablement, une fois sur 5, dans le mauvais sens... ou pis, sur la mauvaise ligne.
Pas le temps pour cybercommuniquer. Donc idem : optimisation des trajets en métro pour consulter mails et blogs sur mon smartphone du pauvre, m'énerver sur le peu d'aspect pratique de ce nouveau portable qui m'a coûté la peau des yeux, et louper mes correspondances...



Le temps de rien. Juste les samedi pour chercher un logement fixe. Courir dans les agences et m'en faire jeter parce que je suis en période d'essai, faire la queue pendant des heures dans des cages d'exscaliers, entourée de 40 congénères, compagnons d'infortune tous ici pour trouver, eux aussi, toit au dessus de leurs têtes...

Le temps de rien. A peine le temps de serrer trop rapidement dans mes bras le Kraken, qui sort de ses vignes pour venir me voir, vient, dit du mal de Paris, et repart... Plus assez de temps pour chérir ces instants de grâce passés ensemble, où le temps, ce salaud, ne suspendant pas son putain de vol, continue à passer, impassible à nos supplications. Alors on en profite au maximum, on savoure notre petit larcin (quelques petites minutes grapillées par ci, par là, volées au temps des autres...).... et c'est déjà fini...

La bonne nouvelle c'est que je n'ai jamais habité dans autant de quartiers de Paris. C'est pas tout le monde qui peut se prévaloir de pouvoir habiter, dans une même semaine, à côté de Mairie des Lilas, à 30 secondes de la Rue Mouffetard et à 1 minute de Vaugirard. Et sache, pour ta gouvernante, que ça ne s'appelle pas un don d'ubiquité, ça s'appelle la chance d'avoir des amis hospitaliers qui accessoirement, sont loin d'avoir des goûts de chiotte question cadre de vie géographique.

L'autre vraie bonne nouvelle, c'est que j'ai trouvé un appartement. Le bémol c'est qu'il sera dispo que fin novembre. Ca calme.... En attendant de pouvoir investir ce petit bijou à Ménilmontant (qui devrait me permettre d'oublier le métro et de retrouver mon fidèle destrier à pédales), je me prépare à une continuation de squattation intense. Et c'est fatiguant, quand même.

Mais je réalise la chance que j'ai d'avoir un réseau de potes extras, des parents qui peuvent se porter garants, un taf convenablement rémunéré, et ne serait-ce que des papiers et une nationalité française. Je remercie chaque jour le ciel, le cosmos, l'univers ou tout simplement le hasard de m'avoir fait gagner tout ça à la grande loterie de la Vie.

La prochaine fois, je te parlerai de mon nouvel environnement de travail, notamment de mes nouvelles collègues, parce que crois-moi, ça vaut son pesant de noix de cajou (spéciale dédicace au Kraken).

Là, je te laisse car je suis trop pressée de rentabiliser mon week-end dans la campagne parentale pour DORMIR...

J'en profite pour passer un message à mes amis qui me lisent et que je laisse honteusement sans nouvelles depuis mon immersion francilienne pour leur dire que dès que j'aurai refait plus ostensiblement surface, je téléphone, promis.

J'en profite pour dire aux autres, lecteurs inconnus, anonymes ou pas, devenus des familiers, que je les embrasse, pour la peine, et merci d'être revenus ici, sur ce terrain en friche.

A très vite

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