10 mai 2011

C'est ta mère la courge !

Le Kraken a des envies d'aller élever des yourtes dans les champs.




Et des tomates aussi, et puis des patates, et des courges (rien à voir avec ta mère).




Le truc plutôt chouette, c'est qu'il a envie de faire ça avec moi. Ce qui est pas négligeable.




Moi je dis, c'est une putain d'idée séduisante, mec ) !!!!




Mais aussi, je dis : moui, mais...








Pour rien te cacher, tandis que la plupart des autres gens comme nous, trentenaires biberonnés au bisphenol A, se mettent à pouponner au lait maternel, à investir dans la pierre pour abriter leurs descendance, à briguer toujours plus haut, toujours plus loin, des postes prestigieux, petites fourmis laborieuses du Système, le Kraken et moi, on a plutôt des envies d'Autre Chose. On a pas mal du mal à trouver ce que pourrait être cette Autre Chose, je te l'ai déjà évoqué, mais putain, par contre, qu'est ce qu'on en parle...!!!!








Mon spleen de l'hiver a, comme d'hab, vite été chassé par le riant printemps, mais les vraies questions demeurent, petits points de suspension dans l'air du Temps qui passe.




Comme je le disais pas plus tard qu'hier à mon amoureux, " j'ai l'impression de regarder passer ma vie".




Je veux dire, j'ai jamais précisément été une épicurienne, une sans-souci-la-violette, une nana qui sait mettre son cerveau sur " OFF ". - Et ça, ça me cause des putains de migraine, mec ... -




Mais je sais pas, je sais plus...








Il y a 10 ans, peut-être 15 , je rêvais de grandir pour aller bouffer le Monde.




Et maintenant, quoi ??? ... pas que le monde m'ait mangée toute crue (y'a pourtant de quoi faire) m'enfin... pas loin.








J'ai choisi des études que je pensais épanouissantes, raccord avec ce que j'étais - ou croyais être - .




Le Droit, la régulation des rapports humains, de la vie en société, pour pas que l'Homme, ce Loupourlautre, fasse exploser en plein vol la machine, en la sacrifiant sur l'autel de son individualisme. Pas que je voulais en faire un caniche, pas que je rêvais que l'Homme, ce Loupourlautre, se transforme en brebis inoffensive, juste, pour que ça se passe bien.




Je rêvais Magistrature, je mangeais Politique, je dormais Pacte social.








On est quelques (trop d') années plus tard, et le bilan a un vilain goût de rance dans ma bouche nicotinée... je bosse pour le Grand Capital, de celui qui continuera bien après mon passage, de celui qui ravage et saccagera le Pacte Social, celui de nos enfants, celui de notre futur (si tant est qu'avenir il y ait après 2012, car oui, oh oui, sachons nous méfier des Incas...).








Longtemps (je me suis levée de bonne heure) j'ai pensé que c'était trop facile, trop confortable, de le critiquer, le Grand Capital, sans même oser tenter mettre un petit doigt de pied dans sa mécanique.




Je pensais que c'était bénaise de cracher sur ceux qui, comme moi, péroraient haut et fort, clamaient leurs grandes idées sociales, tout en (et bien qu') étant des petits pions sur le Grand Echiquier d'un système qu'ils conspuaient.




Ils me faisaient rire, tout en m'agaçant, mes potes profs, mes potes éducs, mes potes en marge, mes potes artistes, qui trouvaient à redire sur mes paradoxes niilesques.




" Ouèch gros, et alors ???? Ouèch, je bosse pour le Capitalisme bien que je le déteste, ouèch, ça te pose problème, mec ? Ris, ris donc, méprise-moi, on verra bien qui rira la dernière. C'est facile de faire grand chelem au concours du politiquement correct et du bien pensant quand on a même pas voulu essayer de faire bouger les choses de l'intérieur. Faut pas laisser ces boulots là aux autres, aux méchants, aux sans-coeurs, aux individualistes, sinon, ils auront gagné, C'EST TROP FACILE !!!! ".








Bin laisse moi te faire une révélation de poids, vénérable lecteur : c'est pas moi qui rit la dernière.




Et c'est tellement triste que parfois, j'en pleure.




Oh ! , ma vision naïvement manichéenne des choses n'a pas bougé d'un iota : même la trentaine révolue, dans mon monde à moi, y'a toujours les Gentils, et les Méchants.








Seulement maintenant, les Méchants, j'ai juste envie de les laisser s'entredéchirer entre eux. Leur foutre la paix pour acquérir la royauté de la mienne.




Les voir en meute dépiauter le plus faible, sauter à la gorge ensanglantée de l'opprimé, les regarder depuis ma Bulle, bien à l'écart, bien peinarde, avec les gens que j'aime, les gentils, ceux qui aiment l'Autre, et avec mon Kraken. Epicétou.








Après mon cerveau revient en mode "ON", et pis je constate que la Vie c'est pas ça, et que jamais je pourrai faire fi des Méchants.




Saloperies de conneries de Club Dorothée et autres Disney qui ont insufflé en moi des fantasmes inconscients de Gentilquiterrassetoujoursleméchant.




Saloperie de catéchisme qui m'a fait croire que les valeurs du Bien peuvent vaincre.




Saloperie de Thomas Moore.








Mon cerveau ONmodé me rappelle toujours, à un moment ou un autre, que la Vie, c'est pas ça, un cloisonnement qui te permet de vivre en dehors des valeurs que t'as pas choisies.








Saloperies de lucidité et de clairvoyance qui me font réaliser que c'est aussi ça qu'est chouette, dans le fait de vivre avec les Autres, de te confronter à eux et d'apprendre à cohabiter.








Quand j'étais petite, le soir avant de m'endormir, je parlais à Dieu (jusqu'au jour où lui et moi, on a fait une rupture conventionnelle) et je lui demandais de mettre une bulle autour de ma famille. Après je me disais que la bulle devrait peut-être s'élargir à mes potes. Pis à mon quartier, parce que j'y avais des potes. Pis à d'autres personnes sympas. Bref... l'idée c'était quand même de protéger tout ça dans la bulle. Quitte à ce que la bulle protège la planète entière.




J'étais loin de me douter que dans la bulle, après, pourrait y avoir des éléments perturbateurs.




Et plus j'avance, plus j'en rencontre...








Mais bref, je m'égare, on s'éloigne du sujet, là, non ? (si tant est que sujet il y eut, je te l'accorde).








Donc bref, en fait, tout ça pour dire que je continue à chauffer de la casserole, quoi... (mais maintenant, on est deux casseroles - j'te dis pas le tintamarre !!!! )




3 commentaires:

  1. C'est ta mère la casserole!
    Mdr!

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  2. Tu sais quoi : ça me rassure, ces quelques lignes.
    L'envie "d'Autre Chose", de ne pas trop rentrer dans le moule, toussa... je connais.

    Je n'ai pas choisi d'attaquer les Méchants par l'intérieur...
    Enfin, peut-être que si finalement : détourner de mon esprit critique certains aspects du "programme de l'école primaire", c'est peut-être semer des graines pour cultiver une différence parmi nos héritiers et en faire des libres penseurs ayant la possibilité de faire leurs propres choix au milieu d'un monde à pensée télévisuelle presqu'unique et à bons petits soldats formatés.

    La Bulle, il faut la cultiver...même si ça intègre des vermines par erreur, j'préfère ça à l'idée qu'on aurait pu laisser à l'extérieur, quelqu'un qui en aurait vraiment besoin pour se protéger.

    (J'ai l'impression que mon commentaire est déconstruit mais j'ai aligné les idées au fil de ce que ton post me suggérait...)

    :-)

    C'est p'tet parce qu'on est soeurs de cervelles ONmodées que j'ai apprécié ces lignes...

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  3. @ Mat : toi tu perds rien pour attendre

    @ Miss Tortue : merci pour tes lignes aussi, qui ne sont pas du tout déconstruites, et au contraire, très claires. C'est rassurant de savoir qu'on est plein à penser ça ; c'est ce qui redonne toujours la foi, finalement...
    Quand je poursuis mes analyses de comptoir, je me dis que c'est justement là que le bas blesse : on est une génération qui a eu accès à la libre pensée, probablement davantage que nos prédécesseurs, et que c'est ça qui fait qu'au final, on patauge autant ds la semoule à l'approche de la trentaine. Je crois pas que mes parents se soient beaucoup posé autant de questions, à mon âge, sur la satisfaction qu'ils pouvaient retirer de leurs tafs (instits :-) ), ils avaient grave d'autres chats à fouetter : marmaille, crédits... nous, on est là, avec toute cette conscience de ce que peut être la vraie liberté, le bonheur, le développement personnel... et on sait pas quoi en faire.
    Quant à cette histoire d'embarquer le max de gens possible dans la Bulle, histoire de pas en laisser en bordure, je plussoie à 200 %. C'est très valable, comme argument !!!
    En ce qui concerne ton métier, je dois dire que je me dis de plus en plus, en ce moment, que j'aurais me diriger vers ça ou quelque chose comme ça... continuer à vouloir être juge pour enfants, ou assistante sociale, ou orthophoniste, enfin bref, à être ce qui, à mes yeux, représente " le bon côte de la barrière". Je sais qu'il est jamais trop tard, tout ça, mais ce fichu Système, et les angoisses des générations précédentes, semblent ancrées en moi de manière plus ou moins consciente, et en tout cas, totalement paralysante...

    Pour finir, sache que moi aussi, je me retrouve bien souvent dans les lignes de ton blog (bien que je ne commente plus beaucoup ces derniers temps, mea culpa !!!!)

    PS : je pense que ce post aurait pu être un billet, vu sa longueur.... ;-)

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