19 juillet 2011

" Le résultat escompté "





" (...) ils ont voulu nous diviser


Faut dire qu'ils y sont arrivé "




Hk & les Saltimbanks










Ce soir, comme parfois, je regarde une des chaînes de la TNT.
Et j'ai les miquettes.

J'ai pas fait beaucoup de Pénal.
Je l'ai, vite fait, tutoyé, puis j'ai décidé péremptoirement que lui et moi, c'était pas une histoire très bankable (rapport que j'étais pas très douée en Pénal et sa Procédure).

Ce soir, je regarde ce truc qui a l'outrecuidance de s'auto-intituler " Reportages" ( " En peu de quelques minutes " , le reportage), et j'ai peur.

Et j'ai mal.

Ce soir, une fois de plus, j'ai envie de jeter mon poste, comme c'est tendance dans de nombreux endroits, comme le font la plupart de mes potes.

J'ai toujours continué à aimer mater la petite lucarne. Je l'ai toujours aimée comme un objet détesté, parce que finalement nocif et déstructurant, comme le Nutella ou la Macadamia d'Haaegen Dazs.

Pas plus tard que l'autre jour, d'ailleurs, j'avais posé ma RTT de petite fourmi, et j'ai passé des moments délectables devant Elle, la Grande Fenêtre. J'ai fantasmé sur le physique d'un goldenboy éphèbe qui avait rencontré une intrépide brunette globetrotteuse dans un ascenseur. J'ai regretté les moments de ma vie étudiante où je débranchais ma télé pour la mettre dans le placard pendant les speeds de partiel, dans mon studio HLM de Grenoble. - C'était une sacrée bonne époque, putain !!!! -


Ce soir, la télé que j'aime autant que je la hais me parlait des agressions dans les transports urbains parisiens.

J'avoue, moi-même, j'ai acquis ici quelques réflexes qui dépassent totalement, par exemple, mes parents provinciaux et campagnards. Le genre de réflexes qui te fait positionner l'ouverture de la fermeture éclair de ton sac au plus près de ta main (okazou). Le gene de réflexes qui fait que certaines personnes krakeniennes te pensent parfois parano (ou fruit de la pensée unique télévisuelle)

Le genre de réflexes qui te fait jeter un regard circulaire suspicieux avant de dégainer (ou pas) ton smartphone (dupauvrequepersonnenevolerajamaisparcequ'ilesttroplalatchedetoutefaçon) dans une rame.

Je te raconterai pas en détails le nombre d'histoires angoissantes de vol d'Iphone que j'ai entendues en soirées de la bouche de victimes, depuis que je suis ici. Pas beaucoup plus graves que des vols de portables, en vrai. mais d'une violence visiblement traumatisante.

Et j'avoue aussi que je préfère largement, la plupart du temps, me balader en vélo qu'en transports en commun dans cette ville surprenante.

Je ne nie pas la réalité de la violence subie par les usagers de ces fichus transports en commun. Je n'ai pas, non plus, l'insolence et la mauvaise foi de leur suggérer le vélo, parce que ça signifierait probablement pour l'immense majorité d'entre eux, de déménager près de leur lieu de taf, soit probablement un lieu hors de portée de leurs minables salaires pas du tout ajustés à l'index de la vie parisienne (car si le mythe de l'indexation du montant des salaires sur le coût de la vie parisienne est peut-être valable partiellement dans certaines fonctions publiques, et relativement vrai pour certains cadres évoluant dans certains domaines, il reste, a priori, totalement erroné pour les bas salaires, un SMIC, même parisien, demeurant un SMIC, Camarade).

Je n'ai pas cette prétention.

Je prétends, en revanche, tenter de comprendre le monde qui m'entoure (et me fout les miquettes).

J'ai donc assisté, fascinée, puis dégoûtée, à l'interrogatoire d'un jeune homme censé être l'auteur de coups de couteau " papillon " (intervalle poétique dans cet océan de violence écoeurante, images à l'appui) dans le long tapis roulant de Chatelet, par un flic. Jusqu'à des aveux téléphonés de " tentative d'homicide ".
J'ai vu ce flic, convaincu de la culpabilité du jeune depuis le visionnage des vidéos de l'agression, persuader ce mec qu'il était coupable d'une " tentative d'homicide ".
J'ai vu ce jeune qui, ayant fini de parader et de demander la présence d'un avocat (présence qui, si j'en crois le " reportage ", était déjà intervenue la veille), et de clamer fort qu'il avait poignardé la victime de l'agression sous l'emprise d'alcool, finir par avouer que peut-être, oui, il avait voulu le tuer. J'ai vu ce flic prononcer à sa place, penser à sa place.
Je t'épargerai la définition, aussi bien générale, que juridique, du mot " H O M I C I D E ".
J'ai vu le flic se féliciter d'avoir, après 15 jors d'enquête, et beaucoup d'heures d'interrogatoires, enfin atteint " le résultat escompté ". Aveux prémédités...

Ce soir, après avoir éteint ma télé, je m'interroge.

Je ne doute pas de la sincérité du flic, et j'ai du mal à douter de celle du jeune.

Je doute, en revanche, de la totale sincérité de ceux qui décident de nous retourner le cerveau.
Un retournage de cerveau qui passait, ce soir, en première ligne, par ce flic.
Notamment soumis à des obligations de quotas qui s'expliquent probablement par des nécessités d'organisation sociale.
Et à des programmes télé de qualité contestable. Comme toi et moi (si t'as pas encore jeté ton poste).

En bonne Maigret que je suis, je ne peux, cependant, m'empêcher aussi de me demander à qui profite le crime ?
Je te ferai pas la liste des crimes que j'ai vus ce soir. Je te parle pas, évidemment, que de crimes au sens propre du terme ( Crime -sens 3, d'après l'Internaute : " acte blâmable " ).

C'est quoi, cette vilaine tendance à nous faire miquetter de tout ? A te rendre suspicieux ton voisin ?
A tel point que j'ai vu l'autre jour une pub pour de la lessive te prévenir qu'en faisant rien qu'à traîner ses fringues par terre, ton môme risquait de choper plein de bactéries causes de maladies horribles pour sa santé. Une pub... pour de la putain de LESSIVE, mec !!!!

J'enfonce des portes ouvertes, je le sais bien, avec la rage sybilline d'une socialiste désabusée.




Mais je t'en conjure, bouge ton cul, sacro-saint électorat audimaté français !!!!

http://fr.lyrics.wikia.com/wiki/HK_et_les_Saltimbanks/On_l%C3%A2che_rien







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