30 août 2011

Warhol, M6, tout ça....










J'ai totalement oublié de te raconter un TRUC DE DINGUE qui m'est arrivé.








Il y a quelques mois, Ylabasque est venue me rendre visite à la Capitale, histoire qu'on rigole un peu (ça fait du bien).
















On a traîné un peu nos guêtres et pas mal usé nos semelles, notamment lors d'une balade de chez moi (Ménilmontant) à Pigalle (où nous fîmes une halte fort méritée, et touristiquement caricaturale, en bouffant un kebab dégueu sur un banc devant les sex shops), puis vers St Lazare.
















On était là, à se balader sur l'avenue, le coeur ouvert aux inconnus, lorsque nous nous fîmes alpaguer par une nana super stressée, qui, en guise de bonjour, nous tint à peu près ce langage : " Salut, vous connaissez l'émission 'Nouveau look pour une nouvelle vie' ? ".








La vache, un peu, qu'on connaît !!!! Ylabasque elle a pas la télé, mais elle est jamais en reste sur les Replay ; quant à moi, oh moi, tu sais... les émissions-du-réel-avec-des-vrais-gens-de-la-vraie-vie, je vais pas te raconter des balivernes, on se connaît trop maintenant, ami blogophage : tu le sais bien, que je leur voue une passion aussi forte qu'au curling !
















Bref, je suis pas rentrée dans autant de détails avec la nana stressée, j'ai juste dit "Ouais", et Ylabasque aussi, me semble-t-il.








Ni une ni deux, la nana nous explique que sa vie de journaliste/pigiste/prostipute à M6 est dure, rapport que ça fait des heures qu'elle fait le pied de grue pour trouver des personnes qui voudraient bien donner leur avis sur un de leurs objets de relooking ; dans mon intérieur fort, je me suis immédiatement sentie soulagée, parce que j'avoue, j'avais failli croire, l'espace de quelques nano secondes, qu'elle faisait un casting sauvage pour trouver des gens à relooker (je crois que le cas échéant, je lui aurais fait bouffer violemment le micro moumouté de son assistant cadreur - ou bien je serais partie en chialant, me suicider à coup d'orgie de pâtes au pesto Barilla - on a les morts qu'on mérite -).








Bien sûr, folle d'enthousiasme, mêlant vitesse à précipitation, j'ai dit oui (et j'ai réfléchi bien après).








Ylabasque quant à elle, jeune fille davantage cervelée que mézigue, a préféré s'abstenir (soi-disant au cas où ses élèves la reconnaîtraient, genre...).








La fille stressée n'en croyait pas son bonheur, elle m'a dit : " super ! c'est pour avoir votre avis sur Gontran " (je change son prénom volontairement, manquerait plus que mon lectorat arrive à me reconnaître par des croisements de données googlesques 2.0).








J'ai dit "c'est qui Gontran, il est où ? ".








Elle a dit " Dans ton cul salope "


- nan, j'déconne.... ça aurait été plus drôle peut-être.



Mais les Parisiens sont pas drôles tu sais... surtout ceux qui bossent dans la tévé, apparemment... bref... - .








En vrai, elle s'est retournée et elle a dit " c'est lui là-bas, vous êtes passées devant lui tout à l'heure " (sous-entendu on l'avait pas vu, le Gontran, en passant devant lui dans la foule, ce qui, vous le verrez plus tard, lecteurs blogophages, a son importance pour la suite de cette histoire).








Je me suis retournée et j'ai vu Gontran.








Histoire de rire un peu (Ylabasque étant très bon public, et un public toujours conquis à ma cause, de surcroît, ce qui ne gache rien), j'ai lancé LA vanne super facile (et tellement criante de sincérité) : "ah, ok, et là, c'est avant, ou après relooking ? ".








Eu égard à la puissance de cette blague, Ylabasque et moi, on a éperdument rignoché pendant plusieurs minutes, comme des collégiennes sous la douche qui se mettent du démêlant sur leurs trois poils pubiens naissants, contentes de leur connerie.








La meuf d'M6 super stressée, ça l'a pas fait rire du tout.








Elle m'a regardée froidement, en me disant " c'est APRES ; nan, arrêtez, rigolez pas, Gontran, c'est un amour, il est TELLEMENT gentil".








J'ai détesté ce petit ton condescendant dans sa voix, ce genre de petit ton de Parisienne de mes deux qui bosse dans la tévé, le même qu'elle aurait eu si elle avait su que j'achète parfois mes fringues chez Kiabi, et que je déteste les slims, et que la tendance color-block me dépasse complet (liste non exhaustive).








D'ailleurs, j'ai tellement détesté ce petit ton condescendant de merde, que du coup, ça m'a rendu Gontran extrêmement sympathique (je crois que j'ai eu pitié de lui, c'est moche).








Ni une ni deux, pendant qu'Ylabasque prenait bien soin de s'éloigner du champ de la caméra (tout en n'oubliant pas, en revanche, de s'armer de son appareil photo), la meuf super stressée/super condescendante a demandé à son collègue/assistant cadreur de me coller un mini-micro et m'a fait signer fissa un bout de papelard aux termes duquel, en substance, j'abandonne mon droit à l'image sur 12 générations, je donne ma vie à M6 et ses nombreuses filiales, et je viendrai jamais réclamer quoi que ce soit au cas où on utilise les prises de vue de ma magnifique personne à des fins salement mercantiles (ceci étant, Parenthèse : je préfère quand même ces prises de vue-là à d'éventuelles images volées de moi faisant ma chagasse sur du Beyoncé au Bal des Pompiers du XXème arrondissement le 13 juillet 2011 - je te raconterai peut-être, un jour ... -).








Ensuite elle m'a briefée en ces termes : " je vais te poser des questions, tu réponds par des phrases COMPLETES, sujet, verbe, complément " (je l'ai mal pris, sur le coup, je me suis dit " pour qui elle me prend, la pétasse, elle sait pas qui je suis ou bien, J'AI FAIT HYPOKHAGNE, MOI, MADAME " et en plus, elle avait l'outrecuidance de me tutoyer - j'ai une tête à traîner avec elle au Pulp ou bien ??? - ensuite, j'ai compris, à mes dépens, pourquoi elle insistait TELLEMENT).
















En fait, je m'apprête à te révéler ici une vérité hallucinante et totalement stupéfiante sur le monde de la tévé, Ami... on s'en doute un peu quand on la regarde, mais quand on le vit (car oui, OUI, ne t'en déplaise, j'ai vécu un moment de tévé), on réalise que LA TEVE NOUS MANIPULE. (attends, si tu veux, je te laisse quelques secondes pour te remettre du choc causé par cette révélation innovante).



D'abord, parce que la nana, elle m'a dit " bon, je devrais pas, mais je te montre la photo de Gontran avant " (et là, un ange est passé... car comment te dire... ? " Gontran avant ", forcément, c'était juste pas possible, juste une dégaine improbable... tu peux juste que le trouver bien après, le Gontran). Donc, quand tu crois que dans " Nouveau look pour une nouvelle vie ", les gens sont interviewés de manière totalement spontanée dans la rue, tu TE TROMPES GRANDEMENT, l'Ami !!!!!












Ensuite, parce qu'en gros, la nana, elle posait des questions super ciblées, genre "et sa tenue, là, ça fait plutôt classe, non ? Assez gentleman, non ? Le camaïeu de couleurs, la veste bien coupée, tout ça... c'est chic, nan ? ".








Moi, connement, je répondais " oui, non, mouis, peut-être... ".








Elle s'est énervée plusieurs fois, en me disant " NON !!!! C'est pas " oui ", c'est " oui, sa tenue fait plutôt classe "" , " NON !!!! C'est pas " moui, c'est " sa veste est bien coupée" " (c'est là que j'ai compris que même avec Bac L + 5, et une hypokhâgne, j'étais pas armée pour répondre correctement à ce genre de questions. Je suis de la génération texto, les mecs, et j'en ai trop bavé sur les notes de synthèse, ça a laissé des stigmates : je réponds de manière concise aux questions des gens, je sais pas discourir pendant des heures sur un look et un petit gilet col V très "tendance"... le réflexe, dans ces cas-là, c'est de répondre succintement, en un mot (voire deux, et en s'abstenant de faire une blague en répondant " ou pas ", réponse qui, au vu des regards exaspérés que me lançait la journaliste d'M6, n'était pas souhaitable).
















On a atteint le climax (spéciale dédicace) quand elle a réussi à me faire dire " oui, je me retournerais sur lui dans la rue " (alors que je te rappelle que Ylabasque et moi, on était passées devant Gontran sans le calculer quelques minutes plus tôt, et que la nana en était parfaitement consciente).
















J'ai eu une seconde de conscience éclairée (mais c'était affreusement trop tard) quand j'ai réalisé qu'en plus des mots "tendance", "gentleman chic" et "classe", je venais d'utiliser spontanément, de moi-même, les termes "casual chic" (je m'y suis même reprise à deux fois, genre " son look est 'casual chic' (- prononcé 'cazuale chique' - loose ... - ), comme on dit, enfin je veux dire 'casual chic' (- prononcé 'kéjouol chic'-) ").



Où quand tu réalises que tu n'es que le vilain produit d'une vilaine société de représentation et de prêt à penser, et qu'une lecture hebdomadaire du Elle peut gravement nuire à ton intégrité morale et occire à jamais ton indépendance critique...
















En quelques minutes, c'était plié.








La nana d'M6 a quand même pris soin de me proposer de leur laisser mon 06, en m'assurant qu'ils ne manqueraient pas de s'en servir pour me prévenir de la date de diffusion (et sur ce point, laisse moi te révéler qu'M6 a failli à sa tâche).






En rentrant, Ylabasque et moi, on a enquillé des matages de 3ème partie de Replays de " Nouveau look pour une nouvelle vie", histoire de voir comment c'était monté, et ce qu'il allait advenir de mon droit à l'image.



Avant les visionnages, on était trop illusionnées, genre " putain, mais les gens qui sont interviewés à la fin pour le 'Après', c'est des gens trop lookés, ça veut dire qu'on est des meufs putain de lookées, c'est un label qualité estampillé par M6 sur notre manière de nous fringuer !!! ".






- Mais oui, bien sûûûûûr....... !!!! -






Quand on a découvert certains extraits avec des interwievées en mode cagole méga-pouffe du Macumba, on a fermé nos caquets. Ca nous a franchement calmées.



Le " Ou pas.... ", là, il était grave de rigueur.






Ensuite on s'est dit que ça devait être vachement plus poilant d'être interviewé pour donner son point de vue sur le " Avant relooking ". Rapport que tu peux mettre ton languedeputage en max. level... genre " oh putain, mais c'est trop l'affiche, c'est quoi ce look de ringue que même Clothilde Courau, elle en gerberait ? ".






Ce micro-évènement m'a beaucoup occupée toute la fin de la journée, et un bon début de soirée (j'en pouvais plus d'être une star de la tévé en devenir). J'ai passé pas mal de temps à appeler mes proches pour craner, genre "truc de ouf, Paris, il t'y arrive trop des trucs de dingues, t'as vu, je suis la future Miss Météo de Canal, je crois".






Finalement, le temps a passé, et je me suis lassée de regarder tous les Replays de cette émission les lendemains de diffusion pour voir si le gonze de l'épisode c'était mon champion, aka Gontran.






Jusqu'à la dernière fois.



J'étais, comme en tout lundi qui se respecte, devant M6, fébrile, avalant gloutonnement mon potage en attendant " L'amour est dans le pré ". Et soudain, pendant les bandes annonces, le miracle s'est fait.



J'ai reconnu mon winner, mon champion, mon Gontran.






J'ai veillé tard, jusqu'à au moins minuit moins le quart (c'est pas dans mes habitudes, tu sais...), j'ai procrastiné le moment de retrouver dans mon pieu " Réveillez-vous Monsieur", de Jonathan Ames (un putain de bon bouquin, soit dit en passant, - offert par une créature marine chère à mon coeur - que je te recommande, au passage - pas la créature - je suis pas en mode "partage" pour tout, tu m'en excuseras - , le bouquin), j'ai veillé jusqu'à ce que je me vois, sur l'écran (en priant pour que les épisodes " Casual Chic" et " Je me retournerais sur lui dans la rue" aient été coupés au montage - Dieu existe, by the way - ).



Ca fait bizarre de se voir à l'écran (surtout que le jour de cette histoire, j'étais malade en mode cernes).






Dans les minutes qui ont suivi, j'ai reçu des textos, en majorité en provenance de gens à qui j'avais omis de raconter cette histoire.






Ce matin, je me suis levée, bon pied, bon oeil.






J'ai enfourché mon vélo, un stylo dans la bouche, parée pour signer tous les autographes que mes groupies quémanderaient......






.... et Rien.



Pas un regard de reconnaissance.






Les ingrats.






Aux feux rouges, je regardais traverser les piétons, avec, en tête, cette réflexion con : " statistiquement parlant, sur le nombre de personnes franchissant actuellement ce passage clouté, combien d'entre elles m'ont vue hier sur M6 à minuit moins le quart ??? ".






Mais rien.






Ingrats.






Le Parisien est intrinséquement ingrat.



La plupart du temps, il aime à te dévisager dans les transports en public ou chez Franprix, comme ça, pour rien.



Mais quand tu es une starlette ayant gravi à la sueur de ton front les escaliers de la Gloire télévisuelle, plus rien ne se passe.



Pays de merde !






Ou alors, c'est parce qu'ils m'ont pas reconnue.






A cause de mon gilet fluo.....







2 commentaires:

  1. En vrac :

    * Le gilet fluo c'est pas "casual chic"
    * Dis, tu me signes un autographe ?
    * Toi aussi tu bouffes du potage devant l'Amour est dans le pré ?
    * Mais comment fais-tu pour écrire autant de mots ?

    ;-)

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  2. En vrac aussi :
    * le gilet fluo, c'est juste la loose, n'importe comment, ça va avec rien !
    * qd tu veux pr l'autographe, au moins j'en aurai signé un ! fais signe qd tu passes à Paris, tu verras, je suis qq1 de très accessible, malgré mon statut de star ;-)
    * j'adoooore les légumes dvt l'AEDLP ; ce soir c'est purée de brocolis (ma vie est folle
    * j'écris beaucoup de mots, certes. Probablement parce que j'écris pas souvent. Alors après c'est la diarrhée verbale (à l'image de la présente réponse ! )

    Et cette rentrée, pas trop rude ?

    Des besitos

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