23 juin 2010

Parfois (souvent ? ), Mannick passe mieux auprès du Grand Public avec juste ses paroles (certains prétendent que sa musique est kitsch, et sa voix aussi, et puis que ses métaphores à la con sont tellement transparentes qu'on dirait du Larusso).
Je dois avouer que je manque d'un minimum d'objectivité sur le sujet, ayant été élevée aux dimanches calée devant le tourne-disques diffusant " Toi que l'on a brisé ", pendant que Maman s'affairait en cuisine au Rôti Dominical, alors que Papa aiguisait sa plume pour coucher sur la pochette du 33 tours son amour pour Maman... (ceci n'est pas métaphorique, inutile d'alerter la DASS)...

" LES BATEAUX

" Je connais des bateaux qui restent dans le port
De peur que les courants les entraînent trop fort,
Je connais des bateaux qui rouillent dans le port
A ne jamais risquer une voile au dehors.

Je connais des bateaux qui oublient de partir
Ils ont peur de la mer à force de vieillir,
Et les vagues, jamais, ne les ont séparés,
Leur voyage est fini avant de commencer.

Je connais des bateaux tellement enchaînés
Qu'ils en ont désappris comment se regarder,
Je connais des bateaux qui restent à clapoter
Pour être vraiment surs de ne pas se quitter.

Je connais des bateaux qui s'en vont deux par deux
Affronter le gros temps quand l'orage est sur eux,
Je connais des bateaux qui s'égratignent un peu
Sur les routes océanes où les mènent leurs jeux.

Je connais des bateaux qui n'ont jamais fini
De s'épouser encore chaque jour de leur vie,
Et qui ne craignent pas, parfois, de s'éloigner
L'un de l'autre un moment pour mieux se retrouver.

Je connais des bateaux qui reviennent au port
Labourés de partout mais plus graves et plus forts,
Je connais des bateaux étrangement pareils
Quand ils ont partagé des années de soleil.

Je connais des bateaux qui reviennent d'amour
Quand ils ont navigué jusqu'à leur dernier jour,
Sans jamais replier leurs ailes de géants
Parce qu'ils ont le cœur à taille d'océan. "


Je persiste (et signe) à croire que Mannick est une chanteuse trop sous-estimée de sa génération ; un jour, un type que j'aime beaucoup m'a dit très sérieusement (après une foultitude de pintes, et dans une tentative désespérée d'arriver enfin à ses fins avec moi), que Mannick a finalement à peu près les mêmes instrumentaux que d'autres de sa génération qui ont percé sans qu'on comprenne vraiment pourquoi.
Elle est ni plus kitsch, ni plus pleine de bons sentiments, ni moins vocalement stridente, que ses consoeurs générationnelles qui faisaient la une des " Copains d'Abord " (ceci n'est franchement pas métaphorique, inutile d'appeler SOS Amour).

Les propos de ce type que j'aime beaucoup ne m'ont pas conduite là où ils auraient du (et où il aurait voulu, et où ils auraient pu).
Mais je mesure la portée de son analyse.

Et je le remercie.

Ainsi que Mannick, dont je me ferais volontiers l'agent (on ne dit plus " impresario " il paraît) à titre gratuit.

Aux dernières nouvelles (avant que je ne quitte Face de Livre), elle cherchait une salle et un public pour la recevoir, pour une tournée mémorable.

A bons entendeurs...


PS : un jour, promis, je vous parlerai d'Anne Sylvestre...

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