" C'est un coin de verdure... "

Il y a, quelque part, là-bas, quelque part, là-haut, un petit coin de calme qui m'est cher au coeur.

Un coin niché à quelques kilomètres du Finistère, situé dans les Côtes d'Armor, que le reste de la région considère comme cul-terreuses...

Avec une lande balayée par le vent, des côtes dentelées sous l'assaut des vagues, des lieux de grève infinis lorsque la mer se retire, des forêts vert émeraude, et des vaches, des tonnes de vaches, au milieu des champs...

C'est un petit coin qui a l'odeur du mystère, le son des contes et des légendes, la beauté de l'occulte, le goût du chouchen, le goût du cidre artisanal que pressait mon grand-père, un goût de terre, un goût de ferme.
C'est un coin de randonnées sans fin, en vélo, à pied, de découvertes infinies, un endroit où les gens parlent une langue que je ne comprends que bien trop peu, et qui me remue.

C'est la moitié de ce que je suis. C'est la moitié de mon enfance, c'est l'endroit où une partie de mes racines ancestrales a choisi de pousser.

Il a l'odeur de la marée, de la mer, de Ma mer, la Manche, celle qui me fascine, celle sur laquelle je voudrais voguer sans fin, vers nulle part.
J'aime m'y poser sur les rochers, et observer pendant de longues heures, captivée, le ressac des vagues, sentir l'odeur des embruns iodés, celle des algues, ressentir la force, l'énergie, qui se dégagent de ce mouvement perpétuel, regarder l'écume qui s'éclate contre la roche, se retire et revient, indifférente au reste du monde.

Ici, à l'Océan, je cherche, je hume, j'essaie de retrouver cette odeur si caractéristique, l'odeur de Ma Manche.
Hélas, je n'ai la sensation que d'un avatar un peu fade....
Ce n'est pas mon coin, ici.
Mon coin est mieux, parce que c'est le mien, parce qu'il porte en lui les souvenirs de mon passé, de mon présent et, je l'espère, de mon avenir...

Les mauvaises langues disent qu'il y pleut sans cesse ; on leur répond qu'il n'y pleut que sur les cons.
Les clichés veulent qu'on l'associe aux fest-noz, aux crêpes et au cidre, aux caractères de cochon, à l'élevage en batterie des poulets et des porcs, à la culture de l'artichaut et du chou-fleur.
Les clichés n'ont pas tort.

J'aime faire découvrir ce coin à ceux qui me sont chers.
Je l'ai longtemps gardé secrètement pour moi, parce que c'est loin, et parce que c'était mon jardin secret.
Depuis que mes parents ont décidé d'y bâtir une autre partie du foyer, j'ai ouvert la porte aux autres.

J'y ai emmené le Seul avec Lequel j'ai Vécu, on lui a fait découvrir la pêche à la crevette et les festins d'ormeaux et de bigorneaux.
J'y ai emmené l'Exilé, rien que lui et moi sur une poignée de jours, pendant lesquels il n'a cessé de me répéter " C'est majestueux ", ironique et sincère à la fois. Pas question de critiquer mon coin, j'ai un caractère de cochon...
J'y ai passé le réveillon cette année, entourée de personnes connues et inconnues, de chouettes moments de rigolades, de balades et de crêpes, dans mon coin déserté par les touristes qui le peuplent chaque été.

Dans dix jours je serai dans mon coin. Je vais le faire découvrir à Ylabasque.
Dans dix jours je sentirai l'iode, j'emplirai mes poumons de l'énergie de mon coin, je rechargerai les batteries de ma tête, de mes yeux et de mon corps.
C'est vrai, il est majestueux, ce petit coin de calme qui m'est cher au coeur.

J'ai hâte....