19 février 2010

Tripalium

Je suis une princesse. Un peu défraîchie, un peu décatie, un peu " vieille peau ", comme j'aime à le dire (car je suis consciente de mes limites, et car je suis modeste).

Je règne sur mon petit royaume ; comme une reine, même, tiens, plutôt qu'une princesse.

Une reine sans roi, mais avec ses lettres de noblesse, âprement gagnées à la sueur de mon front lifté par un de mes amis chirurgiens esthétiques.

Je savoure ce sentiment de puissance. L'accession à mon statut de chefaillon m'a projetée un jour sous la lumière ; depuis, je ne redescends plus...

J'appelle mes subalternes "mes filles".
Comment ça, ça pourrait donner à mes interlocuteurs l'impression que je suis la fille spirituelle de Madame Claude ?!? Ca ne m'avait jamais effleuré l'esprit, tiens ! C'est probablement parce que je suis "un peu gourde", comme j'aime à le répéter pour faire la preuve incontestable de ma modestie. Il faut que les gens le sachent, combien je suis modeste. C'est important, la modestie !
Je sais des mots savants. Je dis des phrases comme : " Il a les défauts de sa faconde".
Eh oui, " F A C O N D E ", quand même !

Je dis d'autres choses intelligentes aussi, j'ai une sacrée Culturegé, il faut pas me lancer sur certains sujets que je maîtrise à fond, car alors, je deviens intarissable. Je sais dire des choses pertinentes comme " La victoire d'Obama aux USA, c'est fabuleux, quel progrès pour le peuple américain ; parce que quand on y pense, l'Apartheid, là-bas, c'était il y a à peine 50 ans ! ".
Eh oui ! , vous voyez, comme je suis culturée, malgré l'affreux surnom de "Cucu Chanel " dont m'affublent certains de mes détracteurs ( ils pensent, les ignares, que je ne sais pas ce qu'ils disent de moi, mais ils ont oublié que, parce que je suis la Reine, je sais tout).
Je sais tout ce qui se dit, tout ce qui se pense, ça permet de bien maîtriser la vie du Royaume, de faire taire immédiatement toute révolte qui gronde. Celles qui ne le comprennent pas, je me charge de le leur faire comprendre, moi. Petites malapprises !

J'aime à leur rappeller régulièrement les obligations liées à leurs statuts au sein de la ruche : "Ne jamais dire du mal de la Direction". Si l'une d'elles fait sa maligne en me frondant, par une question sournoise : " Mais rassurez-moi, je garde ma liberté de penser, quand même ? " (elle se prend pour Florent Pagny ou quoi, cette petite effrontée ?!? ), je lui assure que " Mais enfin oui, bien évidemment !!! ", avec un de ces grands sourires mielleux dont j'ai le secret ; bin c'est vrai, ce n'est absolument pas contradictoire ! " Penser " et " dire " , c'est quand même pas pareil ! Et puis surtout, je fais attention, parce que la liberté d'expression et de pensée, c'est sacré. Au XXI ème siècle, face à des sujets qui ont fait plus d'études que moi, et susceptibles d'êtres renseignées sur leurs droits, face à cette progression récurrente et rampante des idées trotskistes, il faut quand même être méfiante, car elles pourraient avoir l'idée de se syndiquer, manquerait plus que ça ! Je n'aimerais quand même pas que mon employeur devienne, à cause de mon manque de vigilance, la risée du Rotary de cette ville.

Je suis très cultivée et intelligente, donc. D'ailleurs, tiens, je devrais m'inscrire à " Qui veut gagner des Millions ? " ... je les exploserais tous, sans même avoir besoin de mes jokers ! Il faut que le monde sache à quel point je suis brillante !

Je sais également briller par ma pertinence et mon omniscience juridiques. J'en ai encore fait récemment la démonstration en annonçant que j'envisageais de poursuivre pour " diffamation " une ancienne subalterne qui, venue me remettre sa démission en mains propres, a eu l'outrecuidance d'insinuer à un de mes grands schtroumphs que j'étais incompétente et que je l'avais harcelée.

Incompétente, moi ?!?

Elles sont pas contentes, mes subalternes, quand je les renvoie vers des manuels désagrégés datant de mes années de fac (1800 - datation au carbone 14) pour répondre à leurs problèmes juridiques ??? Comment ça, des réformes du Droit, depuis que je squattais les bancs du 1er rang de la fac , il y en a eu des palanquées ???

Elles ne comprennent pas pourquoi je me débrouille pour éviter de signer les courriers que j'envoie sous leurs noms, dans des dossiers un peu compliqués, où on me demande mon analyse et ma prise de position ??? Parce que quoi ??? Parce que je fais " des fautes d'orthographe " ???
Mais enfin, ce n'est pas de ma faute, ça, c'est parce que je ne suis pas habituée à taper sur un clavier ! C'est pas des fautes, c'est rien que des coquilles ; et c'est juste du à mes problèmes d'adéquation avec le monde des technologies modernes. Taper me fait faire des fautes d'orthographe, c'est comme ça ! On se refait pas, à mon âge (je suis une " vieille peau " , je vous l'ai dit ? ).

Et puis je deviens aveugle, à cause d'elles, parce qu'elles sont si méchantes avec moi... elles me font perdre la vue, les vilaines. C'est pour ça, les fautes d'orthographe, tout ça...

Le problème, vous voyez, c'est que les gens ne sont jamais contents (et c'est encore pire avec les gueux). Toujours mesquins (surtout la plèbe). " Fais du bien à Bertrand, il te le rend en chiant ", c'est une de mes expressions fétiches (je l'adore, mais quand je la prononce, j'ai toujours la correction de m'excuser de son contenu un peu vulgaire, qui peut parfois choquer, dans les soirées jet set auxquelles je participe - car j'ai plein de connexions dans la Jet Set, mais j'y reviendrai -. Je ne voudrais pas qu'on me croit vulgaire ! Je ne suis pas vulgaire. J'ai de l'éducation, moi, même si, c'est vrai, je viens d'un milieu modeste, et que Papa s'est crâmé la face des années pour nourrir notre famille, avant de prospérer dans les Affaires et de devenir, lui aussi, un Grand Schtroumph).
Je les ai créées, ces petites juristes, mes petits "poussins", ce sont mes marionnettes, et elles ont l'audace de critiquer leur Pygmalion ?!?!?
Qu'à cela ne tienne, je sais mater les insolentes, moi !!!! On n'est pas dans Frankenstein, ici ! Je saurai leur rappeller qui est le Maître, qui c'est qui dirige, dans cet open space !!!

Alors je hurle, comme une petite fille à qui son papa ne veut pas acheter de bonbons. Je m'époumonne comme une princesse en herbe qui a cassé sa poupée à force de lui tirer les cheveux.

Elles veulent "bouffer du chef ????". Elles vont " en bouffer, de la chef !!!! ". Elles n'ont qu'à avoir " les couilles " de venir me dire les choses en face. Au lieu de faire "des grenouillages". La porte de mon bureau leur est " grand ouverte " , si y'a des réclamations, qu'elles osent venir m'affronter de front, elles verront de quel bois je me chauffe. Car " les augmentations, C'EST MOI !!!!! " . Louis XIV, c'était l'Etat ; moi, c'est les augmentations. Question d'époque.
Et à partir de maintenant, je vais faire "pleuvoir les recommandés AR". Je suis omnipotente, je vous dis !!!! Je fais la pluie et le beau temps. Et la pluie d'avertissements, c'est moi, qui la commande !!!!! Non mais des fois ! Garces !!!

Harceleuse, moi ?!?

Je ne vois vraiment pas en quoi des principes de management vieux comme le monde sont à rapprocher du harcèlement !
" Diviser pour mieux régner ", je l'ai pas inventé, quand même! Rendons à Machiavel ce qui appartient à Machiavel !!!
Les convoquer les unes après les autres dans mon bureau pour leur faire passer mes messages, à l'abri de tout témoin, c'est pas du harcèlement. C'est du management.
Appuyer là où ça fait mal, c'est pas du harcèlement. C'est de la gestion du personnel.
Leur téléphoner toutes les heures à partir de 8h30 quand elles sont en arrêt maladie pour savoir ce qu'elles ont, c'est pas du harcèlement. C'est pétri de bonne intentions. Je m'inquiète pour leur santé, c'est tout. Et pis elles ont qu'à répondre, aussi, quand on les appelle !
Les surcharger de dossiers délicats (elles disent "pourris", et parfois même "merdiques", ouh, que c'est vilain, la vulgarité, dans la bouche d'une femme ! Moi, je ne suis jamais vulgaire, je vous l'ai dit ? ) que je ne suis pas capable de gérer, et leur faire remarquer ensuite que leur travail laisse à désirer, que c'est probablement du à leur âge avancé, les laisser se débrouiller seules quand leur téléphone n'arrête plus de sonner, face à des interlocuteurs mécontents de la manière dont j'ai géré leurs dossiers, en me carapatant dès 16h30 tous les jours, c'est pas du harcèlement...
C'est pas du harcèlement, je vous dis !
Pas de ma faute, aussi, si j'ai tous les soirs des rdv médicaux à 17h. Ou des rdv avec mes artisans. Ou à la salle de gym. Et puis c'est pas 16h30, c'est 16h42. Vous le voyez bien, que c'est pas du harcèlement !!!

Venir faire claquer mes talons près d'elles si je les vois discuter deux secondes autour de la machine à café, les interrompre sous un prétexte fallacieux pour qu'elles s'en retournent travailler à leurs dossiers au lieu de blagasser, c'est juste veiller au grain ! Faudrait pas non plus qu'elles parlent de moi !!!! Moi, quand je veux, je peux passer des heures à leur parler de choses futiles absolument pas en rapport avec le travail, mais moi, c'est pas pareil, c'est moi qui décide, parce que c'est moi, la Reine !!!!

Celle qui m'accuse de harcèlement, celle qui est partie, celle contre qui je vais porter plainte pour complot intergalactique franc-maçonnique, elle était portugaise. Ou " d'origine portugaise", j'ai jamais compris. Pas grave, c'est pareil, non ? Si j'avais su, je m'en serais méfiée, de cette Portugaise (ou " d'origine ", j'ai jamais compris).
C'est comme Marie NDiaye, ça ! Ces étrangers, tu leur donnes tout, et il te remercient en te crachant au visage.
"Fais du bien à Bertrand...", je vous dis !!!!

Elle était pas contente, quand je lui lançais les courriers reçus en lui ordonnant : "Distribuez !!! " ??? Elle était pas contente ?!?!? Hein ?!?!?!? Pourtant, elle aurait du l'être, parce que quand même, au moins, je lui adressais la parole, malgré son statut de Portugaise (ou " d'origine ", j'ai jamais compris).
Elle aurait du être flattée, car elle savait pourtant ce que je pense de son engeance. Oh, c'est bon, ça va, on va pas en faire un fromage, non plus, ça m'avait échappé, un maheureux propos sur des travaux mal réalisés... Du "travail de portugais", c'est une expression vieille comme le monde, je l'ai pas inventée !!!! C'est une expression toute faite, courante, c'est comme "bosser comme un nègre" ou "en faire tout un fromage ", justement !
En plus, je m'étais même excusée après. Bon, vous voyez, que je suis une gentille fille. Brave fifille.

Et pas raciste. C'est pas bien, le racisme !!!! Je suis quelqu'un de tolérant. J'ai hésité assez longtemps à faire une thèse sur les religions, car ça m'intéresse beaucoup, vous savez. Je vous ai dit, que j'étais cultivée ? Bon c'est vrai, malgré mon immense ouverture d'esprit, la religion musulmane, je la comprends mal. Et pourtant, comme les religions m'intéressent beaucoup, je me suis beaucoup renseignée. Je ne me contente pas de clichés. Je déteste les poncifs. Je déteste hurler avec la meute. C'est pas classe, une meute. Et c'est tellement facile, d'hurler avec la meute...!

C'est pour ça, par exemple, que je n'ai pas eu peur de dire à un déjeuner d'affaires que Pétain, on l'a beaucoup décrié, mais que c'était un homme bien.
Et c'est pour ça que je n'ai pas peur d'affirmer, à contre courant, en fer de lance novatrice de pensées que je suis, que ce que je comprends pas, dans la religion musulmane, c'est qu'ils mangent pas de saucisson à l'apéro, ces nazes !
Et que malgré ce que dit la meute, les Bretons sont pas comme nous, ce sont des ploucs, preuve en est de ce que je suis allée une fois manger avec des Bretons, et que, ouvrez bien vos oreilles : les Bretons coupent leur vin à l'eau !!!!
Et que la France, tu l'aimes, ou tu la quittes...
Bon, d'accord, il n'y a pas de Black ou de Beur dans mon Royaume. Mais bon, on est pas dans la pub Benetton, non plus ! C'est pas les Bleus et 1998, ici ! Et puis, c'est pas de ma faute, c'est les Grands Schtroumphs qui veulent pas. Ils sont racistes. Pas moi. Et pis c'est pas comme si je recevais pas de colorés en entretien d'embauche. J'adore les imiter, après les avoir reçus. Ce faisant, je me sens parfois pousser des ailes de Michel Leeb.
Attention, hein, ne me faites surtout pas dire ce que je n'ai pas dit ! Elles sont adorables ces petites, hein, surtout les Noires, mais bon, avec cet accent, c'est tout simplement pas possible ! On travaille dans le tertiaire, quand même, on a des interlocuteurs au téléphone. Et puis je le vois bien, en entretien, qu'elles ont pas les mêmes raisonnements juridiques que nous. C'est pas la même culture, c'est tout. On n'y peut rien. Je le sais, j'ai beaucoup étudié leur culture. Je suis très culturée, je vous l'ai dit ? Le droit africain et le droit français, c'est diamétralement opposé. C'est tout. Je suis une bonne juriste, alors je le sais !

Bref, je ne suis pas raciste, et surtout, je ne pratique pas le harcèlement, n'en déplaise à mes serfs.

C'est tellement à la mode, ça, le " harcèlement " !!! Elles se sont cru chez France Télécom ou quoi ???
Et les chocolats que je leur ai achetés pour me faire pardonner mes récents coups de calgon ? Et le sapin que j'ai minutieusement décoré pour conférer une ambiance de Noël au Royaume, c'est du harcèlement, ça ??? Ingrates. Petites connes !
Je vais peut-être même leur acheter une galette, cette année. Si elles sont mignonnes. Avec un peu de chance, j'aurai la fève, et la couronne. C'est normal, je suis la Reine.
Comment ça, c'est parce que je sens le vent tourner ? Comment ça, c'est parce que leurs langues se délient, et qu'elles commencent à baver sur moi un peu partout en dehors des frontières du Royaume? A raconter ce qui s'y passe vraiment, sous le vernis que j'ai passé des années à peindre ? Tss tss. Des grenouillages, tout au plus ! Ca ne tiendrait qu'à moi, elles auraient pas de passeport. Elles seraient assignées à résidence dans le Royaume. Et baillonnées. Pour pas aller grenouiller hors des frontières de mon Royaume.

J'aime pas les grenouillages. J'aime pas les grenouilles. Peut-être parce que j'ai jamais trouvé mon Prince. C'est pourtant pas faute d'en avoir embrassé, des crapauds. Mais ça, c'est une autre histoire...

C'est pas elles que je harcèle. C'est elles qui me harcèlent. Nuance !

Elles sont tellement mauvaises. Elles adorent bouffer du chef. De toute façon c'est parce qu'elles rêvent d'avoir ma place de Reine.

Mais je la lacherai pas. Pour rien au monde. Dussé-je être décapitée (et il y a des précédents célèbres de décapitations royales, je le sais, je suis cultivée. Je vous l'ai dit, que je suis cultivée ? ).

Alors je leur fais croire, aux petites nouvelles, qu'elles pourront monter sur le trône à ma place, quand je serai plus là. C'est le seul moyen que j'ai trouvé pour canaliser leurs énergies de débutantes fraîchement diplômées, qui croient qu'elles vont croquer dans le Monde. Leur dynamisme de poussins.

Parce que quand même, cette nouvelle génération, c'est une catastrophe ! Le respect se perd. Je leur hurle dessus deux heures plus tôt, et elles osent partir sans me dire au revoir ???
Le respect se perd. Moi, quand j'ai commencé ma carrière (à 32 ans), je n'osais même pas me lever pour aller aux toilettes. Elles, elles osent. Tout. Elles sont perfides. Mais elles ne m'auront pas. Elles croient qu'elles peuvent l'avoir, ma place ??? Et pourquoi pas ma vie dorée de Reine, non plus ???? Tss tss...

Alors je la leur fais miroiter, ma place. Quand elles viennent d'entrer en fonction, elles y croient, les naïves ! C'est trop facile, de les manipuler, ces petites mijaurées !!! Et alors, elles me mangent dans la main... Et elles se tirent dans les pattes grâce à moi, Moi, MOI !!!! Merci Machiavel ! C'est jouissif !!!!!

- Mais ça me rend triste aussi, bien sûr. D'avoir une si mauvaise ambiance dans mon Royaume. Je ne manque pas de le dire aux gens qui travaillent en dehors de mon Royaume, dans notre ruche. Qu'elles se tirent inexplicablement dans les pattes, ces petites... -
Et elles osent dire que c'est moi, la responsable de leurs maux psychosommatiques ?!? Je suis responsable d'un service, moi, pas des maladies de ses employées !

Elles complotent, mais je connais mes classiques, je maîtrise les techniques de la dictature. Et je saurai briser toute velléité à la rebellion, je vous l'ai dit.

Alors ma porte est ouverte, qu'elles osent venir m'affronter, si elles en ont le courage !!! Moi, "on ne me trompe pas". Je " déteste les menteurs ". Moi, je ne mens jamais. L'omission, ce n'est pas du mensonge.

J'ai la bague au doigt ??? Non, je ne l'ai pas volée !!!! Je suis honnête, moi. Je ne mens jamais. Je n'aime pas qu'on me trompe. Moi, je ne mens pas. Arranger la vérité, ce n'est pas du mensonge.
Je n'arrête pas de leur dire, que les boulettes qui sont faites en leur absence, c'est pas moi !!! C'est les petits lutins invisibles. Ce sont les mêmes qui fouillent leurs tiroirs et leurs bureaux quand elles ne sont pas là. Ce sont les mêmes qui disent du mal d'elles et véhiculent des rumeurs à leur sujet hors des frontières du Royaume, et même en son intérieur. Les grenouillages à leur sujet, c'est les lutins.

Alors qu'elles viennent me voir, on causera !!!! Si elles veulent être augmentées. Les augmentations, c'est moi. Je fais ce que je veux. Je suis le maillon d'un système hyper hiérarchisé. Je contrôle les informations qui sortent de mon Royaume et remontent aux oreilles des sphères supérieures de la ruche. Ah ça, j'en ai fait virer plus d'une !!!!!

Qu'elles les mettent sur la table, leurs "couilles". Même pas peur : elles n'en ont pas, je le leur ai déjà hurlé (je vous ai dit, que je ne suis pas vulgaire, que je déteste la vulgarité ?). Et s'il s'avère qu'elles en ont ( ce serait dommage, c'est tellement moche, des cojones, sur une femme ! ), je leur ferai comprendre, que c'est moi, la victime. Et elles, les bourreaux.

Et pour ça, j'en trouverai, des témoins !
Car j'ai à ma botte certaines d'entre elles. Les plus bêtes. Celles-là, plus tu les piétines, plus elles en redemandent ! Que les gens sont stupides, quand j'y pense ! De la stupidité crasse. Des mini-moi !
Elles témoigneront en ma faveur... je les ai habillées, nourries, secourues, presque hébergées... Elles témoigneront en ma faveur.
De toute façon, les preuves, y'en a pas. Elles font rien qu'à dire des mensonges.
La preuve, y'a pas de témoins. Que des témoins qui témoigneront de ma bonne foi. Ceux qui voient, je me débrouille pour les faire taire.
Un travail, c'est une denrée rare, en ces temps de crise, surtout quand on a des bouches à nourrir, des crédits à rembourser... et ça se perd si facilement, de nos jours, un travail, ce serait dommage... surtout que ça se retrouve pas facilement, en ces temps de crise, un travail, surtout quand on croit dur comme fer au fait qu'on ne vaut plus rien sur le marché de l'emploi... ce serait dommage !

Moi aussi, je suis victime. Moi seulement, je suis victime.
A cause d'elles, je perds la vue. Je vous ai dit, que je perdais la vue ?
Et je suis en surmenage.
Ma vie est déjà tellement compliquée et douloureuse. Ca fait 10 ans que je vais bientôt perdre mes parents. Rien que de vous en parler, ça me met les larmes aux yeux, tiens ! C'est trop à supporter, pour une Reine fragile comme moi. Toute cette méchanceté, alors que je souffre tant...

Je le leur dirai, si elles viennent me dire ce qu'elles pensent de mon management. Ca les calmera, ça leur coupe toujours la chique.
Ou je leur dirai que non, c'est pas moi. Responsable, mais pas coupable. C'est les lutins, les Grands Schtroumphs, le Système, la Société, leur collègue Machine, la vie, mon enfance difficile, mes problèmes de santé. Mais pas moi. Jamais moi.
Moi, je ne suis pas méchante. Moi, je ne manipule pas.
C'est mal.
Or, le mal, c'est pas bien.
Je suis pas une harceleuse, je suis pas une incompétente.
Je déteste qu'on me trompe.
Je suis pas une menteuse.
Je ne mens jamais.
Sauf ce soir.
Car tout ce que je viens de vous raconter n'est évidemment pas vrai. C'est la seule fois où j'ai halluciné. C'était ce soir.
Dans ce billet.
Je ne le ferai plus, promis.
C'est les lutins qui m'ont forcée...

NB : cette histoire, quelque peu romancée, est largement inspirée de plusieurs témoignages de proches à moi. Avouez que ce n'est pas franchement l'idée qu'on se fait du monde du travail, avant d'y entrer...




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